L’Opéra
C’est une plongée, une immersion, au cœur de l’institution majeure qu’est l’Opéra National de Paris. Il y a quelque chose du thriller dans ce documentaire malin, sensible et drôle signé Jean-Stéphane Bron (Cleveland contre Wall Street, L’Expérience Blocher). Quelque chose qui tient en haleine face à cet univers foisonnant, peuplé de centaines de professionnels, où l’enjeu est remis en question chaque soir, à chaque représentation de spectacles ambitieux et exigeants. On suit ainsi plusieurs personnages, dans plusieurs espaces : des coulisses aux salles de répétition (chant lyrique et ballet), des couloirs aux bureaux de l’administration et de la direction, hauts lieux où se décident le présent et l’avenir de cet établissement de prestige, à l’heure où le nouveau directeur, Stéphane Lissner, prend ses marques. L’Opéra, avec son titre générique, embrasse l’institution dans toute son ampleur, ne se focalise pas sur les stars des lieux (Benjamin Millepied est assez peu présent à l’image), mais sait s’arrêter là où le commun des mortels ne soupçonnerait pas que se trame pareille action. Comme ces séquences axées autour d’une classe d’enfants de ZEP, que des enseignants tentent d’éveiller à la musique en leur faisant jouer du violon et qui viennent répéter tous ensemble en vue d’un spectacle de fin d’année dans le bel auditorium de l’Opéra.
Plusieurs personnages attachants se distinguent, comme cette femme élégante qui chaperonne cette classe d’enfants et les soutient avec ferveur, ou comme Mikhail Timoshenko, ce jeune baryton-basse originaire d’un petit village russe. On le voit prendre ses marques, découvrir avec émerveillement l’Opéra et ses rouages, répéter avec obstination. Parallèlement, l’on suit les tribulations d’un taureau, figure centrale d’une mise en scène qu’il va falloir apprivoiser : c’est un vrai ressort de comédie et ces séquences sont délectables ! Comme l’ensemble de ce film passionnant et vivifiant, où se racontent les joies et vicissitudes du collectif.