En 2018, la Japonaise Naoko Yamada avait rencontré un succès critique et populaire avec son premier film d’animation, Silent Voice. Aujourd’hui, elle signe Liz et l’oiseau bleu, récit sentimental sur l’amitié de deux adolescentes. Un tantinet maladroit, mais sensible.
Dans l’animation japonaise, le shojo est un genre incontournable. Une communauté de filles, une relation étroite entre deux camarades, l’art : Naoko Yamada reprend des motifs connus pour tisser une histoire inédite et délicate sur l’adolescence.
Dans Liz et l’oiseau bleu, Nozomi et Mizore questionnent leur amitié : agissent-elles pour leur propre bonheur ou celui de l’autre ? À cette intrigue se mêle l’histoire du morceau de musique qu’elles jouent ensemble. Une jeune femme solitaire, Liz, y vibre de joie à la présence de son amie volubile et exubérante. Cet entrelacement du conte avec la réalité a plus d’un bienfait : chaque héroïne apprendra à mieux se connaître elle-même.
Dommage que leur évolution respective s’effectue au prix de silences parfois trop appuyés, de mouvements et touchers corporels peu crédibles. Mais sous ses airs de mélo sirupeux, le film de Naoko Yamada développe en vérité une violence souterraine déstabilisante. Comme dans Black Swan (Darren Aronofsky, 2010), il s’agit ici d’être complémentaire à son opposé, quitte à douter de soi et à détruire l’autre. Quand, aux deux tiers du récit, une compétition s’installe, le scénario tiède gagne en vigueur. À l’inquiétude s’ajoutent la colère, la haine, la déception et l’amour.
En fragmentant à l’image les corps des protagonistes, la réalisatrice donne libre cours aux interprétations du spectateur : que pensent-elles vraiment l’une de l’autre ? La mise en scène, originale par sa segmentation de l’espace, est l’atout majeur du film. Le reste se mesure à l’aune de notre affection naturelle pour les animes japonais sentimentaux. La scansion particulière des voix et le rythme lent de l’intrigue laissent une pointe d’amertume et d’incompréhension. Il y a de bonnes intentions, pas toutes achevées.