Dans une cité, Nedjma découvre qu’elle est attirée par Zina. Pas simple d’assumer quand la pression du groupe est ailleurs. Un premier long-métrage engagé en forme de chronique douce-amère.
C’est l’été, mais il n’y a pas de vacances pour Nedjma ni pour sa petite sœur Leila. Leur mère les élève seule et ne peut leur payer plus qu’un week-end à la mer : celui-ci s’organise avec la bande de copines qui squattent le banc rose du square en bas de leurs immeubles. Mais voilà qu’une nouvelle venue, Zina, vient perturber l’ordre établi, générer des émotions contraires… et brouiller les sentiments de Nedjma.
Observant de près des adolescentes d’origine maghrébine, leurs ébats, leurs débats et leur haine de ce qui n’est pas dans leur norme, le film de Marion Desseigne-Ravel glisse vers une chronique de l’être et du paraître. « La douceur, c’est pour les baltringues ! », dit Nedjma. Il y a les injonctions que ces jeunes filles se font à elles-mêmes, de ce qui, selon un discours préétabli, se fait ou pas et qui évoque à la mère de Nedjma cette phrase : « Je ne comprends pas votre génération. Vous, vous jurez le Coran toutes les cinq minutes ; quand on est arrivés en France, on cherchait la liberté ! ». Il y a les réseaux sociaux, via lesquels on peut, en quelques clics, fabriquer une mauvaise réputation, bousiller une vie. Il y a cet âge de l’adolescence, où il est si difficile de savoir qui on est, qui on aime.
Parsemé de couleurs vives, émaillé de dialogues à l’argot fleuri, le film suit les pas de Nedjma, au front buté et au cœur plein, l’accompagne sans la quitter de la rudesse à la tendresse. Du bas de sa cité au toit de l’HLM, ouvert à tous les vents rafraîchissants et qui abrite pourtant ses nuits avec Zina. Du déni de ce qu’elle est, à la douceur qu’elle a en elle et pour cette autre fille.
Lina El Arabi et Esther Bernet Rollande sont étonnantes et empoignent à bras le corps des rôles difficiles : on jurerait voir battre leurs tempes et rougir leurs joues. Autour d’elles, d’autres jeunes actrices tout aussi débutantes explosent de naturel. Sur un fil fragile qui se rompt parfois, le film réussit à faire passer quelques messages bien sentis et à distiller, dans le même temps, une singulière délicatesse.