Vincent Maël Cardona est un enfant de la FEMIS et des années 80. Présenté lors de la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes cette année, Les Magnétiques a obtenu le prix SACD de la Quinzaine des réalisateurs. Premier long-métrage. Et immense réussite.
1981. Le visage du nouveau président de la République se dévoile dans tous les téléviseurs de France. Dans une petite ville de Province, non identifiée, Philippe, éternel ado timide, voire mutique, voue une admiration sans borne à son frère Jérôme, en pleine rébellion. L’arrivée de la mystérieuse et fascinante Marianne met le feu aux poudres.
L’époque est post-soixante-huitarde, riche des fantômes d’hier et des fantasmes de demain. La révolution du quotidien est en marche. À l’aube d’une décennie qui promet espoir et poésie, les mobs, les téléphones à cadran, les « trois jours » et la menace du service militaire, les mixed tapes, les radios pirates, les autoradios, les walkmans, le début de la new wave et la fin du punk sont autant de témoins d’une société en pleine mutation, réinventée par sa jeunesse qui vit pour la musique. Dans Les Magnétiques, celle-ci est l’un des personnages principaux du film. À la fois objet ET sujet, elle devient un élément clé de la narration.
L’esthétique de la reconstitution de l’époque offre un contraste intéressant, à base d’éclairages tout en verts bleutés et de direction artistique pointue (mention spéciale aux papiers peints, spectaculaires). La mise en scène audacieuse, où le son et l’image guident à parts égales la narration, rend justice au travail collectif des scénaristes Romain Compingt, Chloé Larouchi, Maël Le Garrec, Catherine Paillé et Rose Philippon. La scène de disjonctage sonore de Philippe, quant à elle, fait d’ores et déjà partie des grands moments inoubliables du cinéma.
Porté par un casting parfait, sur le fil du rasoir, par la création sonore de Pierre Bariaud et Samuel Aïchoun et par l’image du chef-opérateur Brice Pancot, ce premier long-métrage de Vincent Maël Cardona se révèle un tour de force et de sensibilité.