Pour son premier long-métrage en solo, Maxime Roy prolonge l’histoire de son court et retrouve Michel, ex-junkie, ex-alcoolique, ses impossibilités et ses défaites, pour un film juste et touchant.
Michel porte sur son visage ravagé et son corps tatoué les traces indélébiles d’un passé de dépendance à la drogue et à l’alcool. Dans le dos de son blouson de cuir râpé, le mot « Loser » s’étale en toutes lettres, comme pour conjurer le sort. Essayant de laisser derrière lui les trucs « pas cool » qu’il a commis dans son passé, il s’est installé dans une espèce de garage et fait son possible pour s’occuper du petit garçon qu’il a eu avec sa nouvelle compagne, celle-ci l’ayant quitté après avoir perdu toute confiance en lui. Aidé par son grand fils, Léo, il cherche du travail, se voit bien en réparateur de motos et pourrait bien y arriver… Mais ce dernier perd patience, le radeau de Michel prend (littéralement) l’eau, et lorsqu’il cherche refuge chez son vieux père, il trouve un mur de silence et de reproches.
Après le court-métrage Beautiful Loser (2018), Maxime Roy retrouve l’acteur François Creton, également coscénariste de ce long. Trois générations d’hommes que la vie n’a pas épargnés se font face dans ce beau film grave qui dit la douleur de la dépendance, l’impossibilité de rentrer dans le moule, l’errance éternelle et la solitude fatale. Lors d’une scène bouleversante, la chanson populaire de Daniel Guichard, Mon vieux, passant à la télévision chez le géniteur de Michel, renvoie ce dernier à sa position de fils et de père, à ses défaites et ses chagrins.
Entourant cette figure de paumé pathétique que François Creton habite intensément, on retrouve des acteurs infiniment touchants, criants de vérité. L’étonnant Roméo Creton, fils de François dans la vraie vie, mais aussi Richard Bohringer, saisissant en père malade et renfrogné ; Ariane Ascaride, émouvante en « belle-mère » attentive, mais dépassée ; et Patrick d’Assumçao, bluffant en « parrain » des alcooliques anonymes qui connaît bien le danger des rechutes.
Le parcours semé d’embûches de Michel n’est pas exempt de clichés et de passages obligés. Mais l’énergie qui sous-tend le film, sa sincérité et sa justesse, emportent le morceau.