Les Confins du monde
Guillaume Nicloux surprend une fois de plus avec un faux film de guerre qui se transforme vite en quête presque surnaturelle, dominée par un Gaspard Ulliel minéral.
C’est peu de dire que Guillaume Nicloux est insaisissable. Un temps connu pour faire partie du nouveau cinéma policier français (Le Poulpe, La Clef, Cette femme-là), le cinéaste a récemment décidé de prendre le large, en confrontant Isabelle Huppert et Gérard Depardieu à la vallée de la Mort, dans Valley of Love, le même Depardieu à une étrange forêt dans The End et cette fois, Gaspard Ulliel (et toujours Gérard Depardieu en périphérie) à la jungle indochinoise en pleine guerre en 1945.
En écartant rapidement les codes classiques du film de guerre, le réalisateur décide de filmer quelque chose qui se passerait plutôt du côté du voyage mental. On peut même dire, sans que la référence étouffe le film, que Nicloux est allé chercher une source d’inspiration du côté du Conrad d’Au cœur des ténèbres et, fatalement, du Coppola d’Apocalypse Now. La quête obsessionnelle de Robert Tassen (Ulliel), survivant miraculé d’un massacre, résolu à retrouver un officier vietnamien criminel, est le fil rouge d’un récit où abondent digressions et personnages secondaires, tous très bien écrits. Mais on retiendra surtout l’ambiance humide et étouffante dans laquelle baigne en permanence le film et surtout la présence forte de Gaspard Ulliel, qui donne chair à un personnage ambigu et complexe, immédiatement fascinant.