Une mère et deux filles reviennent en Corse après quinze ans d’absence et des traumas non résolus. Catherine Corsini signe un film hybride avec trois actrices puissantes.
Une femme qui s’est enfuie de Corse avec ses deux petites filles y revient quinze ans plus tard, flanquée de deux grandes gigues de 16 et 18 ans… Le passé ne cesse de lui revenir au visage. Précédé d’une aura de scandale suite à des accusations, depuis réfutées et qui ne sont pas entre nos mains, présenté en mai au début du Festival de Cannes et reparti bredouille, Le Retour reste marqué d’une aura étrange.
Soyons clairs et constatons qu’il ne présente aucune scène d’intimité gênante, en tout cas de notre point de vue de spectateur. S’il souffre de quelque chose, c’est de légers soucis d’écriture. Le scénario cosigné par Catherine Corsini et Naïla Guiguet (coautrice des deux derniers films de Louis Garrel) ne parvient pas à rendre fluide le récit de ces retrouvailles avec un pays et une famille, qui apparaît comme mécanique.
Le contexte social est plutôt bien posé : si Khédija revient dans cette région, c’est qu’elle y est obligée par ses patrons bourgeois (Virginie Ledoyen et Denis Podalydès), qui ne se voient pas passer des vacances sans femme de ménage. Elle voit là l’occasion, on le sent, on le sait, d’« offrir » pour la première fois de sa vie un séjour dépaysant à ses deux grandes adolescentes de filles.
Beauté des plans, mise en scène apaisée, récit de trauma familial se perdant dans quelques méandres, cette histoire d’étrangères dans leur propre vie donne un joli film sensible.
Même s’il nous laisse sur notre faim et souffre de scènes trop longues, dont la soirée se voulant morceau de bravoure, mais dont le déroulement interminable ne parvient pas à maintenir l’intérêt. La force du Retour, c’est son trio d’actrices puissantes. Aissatou Diallo Sagna, révélation absolue du précédent film de Catherine Corsini, La Fracture, où elle incarnait une infirmière débordée – personnage proche du sien dans la vraie vie, puisqu’elle est aide-soignante de son métier – confirme une présence tellurique et Esther Gohourou et Suzy Bemba sont toutes deux nuancées, mélangées, épatantes.