Adapté par ces dingos d’Illumination (ceux des Minions fous), le bon Dr Seuss qui a éduqué l’Amérique nous enseigne l’anti-consumérisme à Noël, avec son Grinch green. Economique et ludique.
On la connaît cette créature verte. Ce Grinch n’est pas le premier Grinch venu. Il est le troisième du nom. Le troisième échappé d’une nouvelle du Dr Seuss, génie de la littérature enfantine américaine, dont le studio Illumination Entertainment avait déjà adapté en dessin animé 3D, Horton et Le Lorax.
Le premier à avoir donné vie au Grinch, en 1966, c’était Chuck Jones, en court métrage animé, pour la télé. Le deuxième, c’était Ron Howard et en live action, en 2000, avec Jim Carey sous un masque de Grinch verdrâtre, visage reptilien d’une laideur repoussante.
Le nouvel avatar imaginé par le Studio Illumination est proche, graphiquement, du Grinch de Jones, en plus joli, moins inquiétant. Tout nu, imberbe, chez Chuck Jones, il est au poil chez Illumination, et avec cette fourrure, le voilà habillé pour l’hiver, paré d’une douceur de peluche qui le rend immédiatement plus avenant. Et puis, bon, comme on le sait, le Grinch n’est au fond, pas un méchant méchant : s’il n’aime pas Noël, s’il veut voler Noël, c’est parce qu’il n’a pas le cœur en fête à l’approche des fêtes, que remonte une blessure de sa petite enfance, la tristesse d’un Noël de solitude et d’abandon. Et puis, on le comprend : les gens d’en bas, de Chouville, fêtent un Noël XXL, un Noël de société de surconsommation. Le Grinch n’en peut plus des excès de l’Homo emptor (qui achète), et on partage volontiers cette résistance à la fièvre acheteuse.
Va pour le message green du Grinch, écolo grincheux, qui nous ramène dans le droit chemin d’un esprit de Noël plus spirituel et plus simplement enfantin. Mais ce qu’on préfère, dans Le Grinch, c’est moins sa morale que son fun, avec des bestioles que n’aurait pas reniées Chuck Jones, pater familias d’une flopée de héros dingos (Bip bip, Vil le coyotte, Pépé le putois, etc.) mis en scène dans une frénésie visuelle emballante. Le chien-chien à tout faire du Grinch avec ses gadgets délirants est un modèle de toon absurde, tout comme les bêtes vraiment bêtes qu’embarque le Grinch pour essayer de voler Noël, un renne obèse et une chèvre qui hurle à la mort. Ils sont aussi fous, ou presque, que les Minions, l’invention la plus génialement cartoonesque d’Illumination entertainment.