Frédéric Lenoir est un écrivain et philosophe spécialiste du bouddhisme, connu du grand public pour ses ouvrages sur le bonheur. Durant un an, il a questionné des élèves de 7 à 10 ans. De ces ateliers est né Le Cercle des petits philosophes, chronique inspirée questionnant le sens de la vie.
Une salle de classe, des élèves assis côte à côte, l’enseignant et un intervenant (Frédéric Lenoir) : voilà un dispositif imparable pour accoucher d’une parole individuelle à la portée collective. Même si enfants et adultes sont parfois tentés de juger une réponse, l’écoute et le débat d’idées sont les pierres angulaires de ce documentaire de Cécile Denjean.
Réalisé grâce à un financement participatif, il confirme que la qualité d’un film repose davantage sur son point de vue que sur ses éventuels effets visuels coûteux. Ici, le caractère naturaliste de la mise en scène du Cercle des petits philosophes aurait pu affadir le discours tenu par les élèves. Leur réflexion, en réalité, s’en trouve sublimée.
Parfois filmés dans l’intimité ou à leur domicile, on devine leurs différences d’origine sociale et leurs difficultés personnelles. Mais surtout, on redécouvre avec ravissement un lien égalitaire et fraternel qu’on aurait tendance à oublier : la capacité des enfants à raisonner sur l’existence.
En 1977, Godard s’était déjà essayé à les faire parler dans France, Tour, Détour, Deux Enfants. L’innocence présumée du jeune âge était alors balayée au profit d’un regard lucide sur le monde. En 2019, les interrogations sur l’amour et la mort restent identiques, mais les arguments pour y répondre se diversifient : aujourd’hui, les élèves ont une opinion sur le djihadisme, la dépression ou les rencontres amoureuses favorisées par les réseaux sociaux. En somme, Le Cercle des petits philosophes suggère qu’il existe un fil invisible entre leur peur de l’avenir et leur conscience des difficultés du présent. Filmée comme un lieu d’échange et de tolérance, l’école apparaît comme l’un des meilleurs remparts à la bêtise humaine.