Adapté de La isla minima, ce polar revisite l’Allemagne de 1990, à travers un duo antagoniste de policiers sur les traces d’un tueur de jeunes filles. Efficace.
Cinq ans après la sortie en France de La isla minima, long-métrage efficace d’Alberto Rodriguez récompensé d’une pluie de Goya et situé dans l’Espagne post-franquiste du début des années 1980, voici son adaptation germanique. Qui sort à la même période, et pourrait bien, à son tour, être le polar estival de 2020.
Soit, dans une région reculée d’Allemagne de l’Est, juste après la chute du mur, un policier du cru et un autre venu de Berlin réunis pour enquêter sur la disparition de deux sœurs adolescentes, bientôt reliée à d’autres faits plus anciens. Le premier et le plus âgé, Markus, n’hésite pas à molester les témoins ; le second, Patrick, dont la femme est sur le point d’accoucher, a des méthodes moins fracassantes, mais tout aussi efficaces et supporte mal les agissements de son collègue. Le film avance ainsi sur leurs dualités, représentatives d’un pays à peine réunifié, surtout dans cette région de marécages, où la modernité n’a pas encore fait son chemin.
Il n’est pas nécessaire d’avoir vu le modèle espagnol pour apprécier Land of Murders, dont l’ancrage dans cette réalité peu montrée au cinéma bénéficie d’une écriture soignée et d’une mise en scène fluide. C’est même plutôt un atout, car cette version est si calquée sur l’espagnole que l’on y reconnaît au mot près des répliques entières et que certains cadres sont rigoureusement identiques. Mais au-delà du jeu des sept différences (voire plus), regarder, en toute connaissance de l’original, ce film frisant l’exercice de style a néanmoins l’intérêt d’une véritable adaptation à la culture et à l’histoire de son pays. Et le couple de flics antagonistes est constamment passionnant. Car, comme leurs homologues ibères avant eux, Felix Kramer et Trystan Pütter confèrent à ces deux hommes que tout oppose beaucoup de nuances et de finesse.