Retrouvailles compliquées entre un grand fils et sa mère bipolaire. Avec deux acteurs en majesté : William Lebghil et Agnès Jaoui.
D’abord, il y a Pierre, calme, posé, patron d’une boutique de fleurs, où il travaille avec son ami Ibou alias Ibrahim. Déjà quelque peu déstabilisé par la nuit d’amour qu’il vient de passer avec sa « meilleure amie », Pierre reçoit un coup de fil de sa grand-mère qui le fait vaciller. Judith, sa mère, est sortie de l’hôpital psy…
C’est une histoire d’amour impossible entre un grand fils de trente-trois ans et sa mère bipolaire. « Là, ça va, c’est gérable. Mais tu sais comment ça se termine à chaque fois … », dit-il, fataliste, à son aïeule désemparée. Car, lorsqu’elle est heureuse, Judith est gaie comme une enfant, elle chante, danse, rit, entraîne tout le monde dans son sillage. Mais quand elle redescend, là aussi, elle embarque tout le monde… vers l’abîme.
Traiter de la bipolarité n’est pas simple, et le scénario de Julien Carpentier joue habilement des montagnes russes que cela implique. D’une caméra mouvante, au service de ses comédiens, il suit les dérapages, débordements et emballements divers de cette mère monstre qu’Agnès Jaoui incarne avec toute sa verve, saupoudrée d’une délicate pointe d’enfance, dans l’exaltation comme dans la colère ou la dépression. Face à elle, William Lebghil, aussi flegmatique qu’elle est exubérante, l’œil attendri, mais les dents serrées, déploie toute l’ambivalence de ce fils écartelé entre son amour pour elle et son besoin de normalité. Avec le renfort des personnages secondaires interprétés par Salif Cissé et Alison Wheeler, cette chronique tragi-comique trouve le ton juste pour parler de la maladie et de ses conséquences sur tout l’entourage. Et nous fait joliment passer du rire aux larmes et réciproquement.