Cette adaptation du roman de Romain Gary signée Eric Barbier restitue avec fougue l’idée centrale qui sous-tend cette trajectoire épique : celle d’un fils littéralement possédé par sa mère. Un défi d’incarnation relevé par Charlotte Gainsbourg et Pierre Niney.
C’est une autobiographie sensationnelle, le récit d’une existence remaniée, un roman épique et magnifique. Avec La Promesse de l’aube, Romain Gary rédige un chant d’amour à sa mère, ce personnage « bigger than life » qui lui avait dicté un programme de vie et que l’écrivain a respecté à la lettre, jusqu’aux portes de la folie. La principale qualité du travail d’Eric Barbier (Le Brasier, Le Serpent, Le Dernier Diamant) est d’en avoir restitué le caractère fiévreux. Il y a du souffle dans sa narration et son montage. Un élan romanesque, un sens du spectacle qui embarque et fait oublier les quelques accents kitsch de son esthétique. La mère de Romain Gary avait le sens de la mise en scène et en avait fait le moteur de sa rocambolesque existence, et cette adaptation rend compte de l’énergie considérable dont faisait preuve ce personnage hors norme.
Dans le rôle de Nina (Mina dans le roman), Charlotte Gainsbourg impressionne. Elle déploie une force qu’on ne lui connaissait guère, trouve un ancrage au sol, une silhouette épaisse et fait un travail vocal étonnant, tant sur le plan de la tessiture que sur celui de la langue (le polonais, qu’elle a travaillé pendant cinq mois).
Les jeunes Pawel Puchalski et Nemo Schiffman, qui jouent Romain enfant et adolescent, sont épatants. Pierre Niney, qui incarne Gary de 20 à 44 ans, l’interprète comme un possédé, avec une énergie intense qui fait écho à celle déployée et transmise par Charlotte Gainsbourg. Dans les séquences où Romain est malade sur le front, on frise le trop-plein, mais l’interprétation de Niney est intelligente : il trouve le juste équilibre entre l’épique et l’intime dans ce récit d’aventures, où l’humour a, lui aussi, sa place.