Retour à l’écran de ce classique des sixties. Entre moiteur et poussière, Arthur Penn capte toutes les contradictions de l’Amérique. Éblouissant et toujours d’actualité.
Une petite ville du sud des États-Unis. Une nation puritaine et raciste qui se défoule dans l’adultère et l’alcool. Le retour d’évasion d’un voyou local qui met le feu aux poudres. Un shérif qui tente par tous les moyens de déjouer la chasse à l’homme annoncée. C’est le quatrième film signé Arthur Penn, avec un casting à donner le tournis : Marlon Brando, Jane Fonda, Robert Redford, E.G. Marshall, Angie Dickinson, Miriam Hopkins, Robert Duvall, James Fox. Des visages à tomber, alliant l’ancien Hollywood au nouveau.
Expert en épopée humaine sur grand écran, ici en Technicolor et Panavision, Penn (Le Gaucher, Little Big Man, Missouri Breaks) saisit avec nerf le scénario de Lillian Hellmann – célèbre pour ses collaborations avec William Wyler -, d’après une pièce de Horton Foote. Sa caméra enserre les corps pris au piège des pressions et de la bourgade implosive. Les affrontements s’enchaînent, de bureaux de la justice en cocktails et parties, de villas bourgeoises en terrains vagues. L’ascension de la tension impressionne.
Au sommet de son magnétisme, Brando mène la barque avec sa tenue et son chapeau couleur sable. Il maîtrise, encaisse, tombe, ramasse, saigne et porte sur sa face tuméfiée toute la sauvagerie sociale. Les images de Joseph LaShelle obsèdent. La musique de John Barry ensorcelle. Un an plus tard, Penn mettra en scène une autre histoire made in USA et nourrie de violence : Bonnie & Clyde. Sacrée filmographie !