La Loi du silence
La Loi du silence d’Alfred Hitchcock : À voir sur CINE+ À LA DEMANDE
Adapté par George Tabori et William Archibald de la pièce de Paul Anthelme, La Loi du silence (I Confess) est un film généralement considéré comme mineur dans l’œuvre d’Alfred Hitchcock. Estimation quelque peu injuste, car il offre plusieurs séquences d’une grande qualité expressive, une thématique éminemment hitchcockienne (un autre faux coupable) et surtout l’une des meilleures interprétations de Montgomery Clift, à laquelle s’ajoutent celles, tout autant remarquables, d’Ann Baxter, Karl Malden et d’Otto Eduard Hasse. Certes, les flashbacks relatifs au passé du protagoniste nuisent à la bonne progression du suspense, sans pour autant trop entraver le récit. La tension dramatique est ici créée, comme souvent chez le cinéaste, au moyen d’un transfert de responsabilité morale dû à la rencontre d’un prêtre québécois (Clift) qui recueille la confession d’un sacristain meurtrier (O.E.Hasse). Interrogé par la police, le prêtre, prisonnier du secret de la confession, ne peut révéler quoi que ce soit à la justice et donc est très vite soupçonné, car des témoins ont vu sortir un ecclésiastique du cabinet de l’avocat assassiné. D’où le transfert : à partir du moment où le meurtrier s’est confessé religieusement, il recouvre son innocence, ce qui conduit le prêtre à endosser involontairement sa culpabilité. Une telle utilisation du procédé ne pouvait fonctionner qu’auprès d’un public catholique, minoritaire dans les pays anglophones, ce dont le cinéaste s’est rendu compte trop tard. D’où l’échec commercial du film, en particulier aux États-Unis. Avec le temps et à la lumière de l’ensemble des films du maître, on ne peut cependant qu’être impressionné par la qualité de sa réalisation, qui épouse très efficacement le point de vue du protagoniste, en parfaite corrélation avec le jeu très intériorisé de Clift. Une mise en scène, en outre, fort expressionniste par ses cadrages très composés et ses éclairages contrastés, qui troublent beaucoup les personnalités du coupable et de la victime. Un film qui est donc loin d’être mineur.