C’est pour de vrai et pour de faux, c’est émouvant et rigolo. Bienvenue chez les Bohringer/Rebbot qui racontent leur vie et font du cinéma. Tout fou…
S’aimer encore mais pas comme avant. Se séparer mais pas se quitter. Reconnaître que ce qui fut ne sera jamais détruit : la famille, deux beaux enfants, et même un chien… Travailler, même, à ce que cette réussite, indéniable, ne soit pas soluble dans l’échec, inévitable.
Cette équation sur laquelle bien des couples se cassent la tête dans la vie lors du divorce, Romane Bohringer et Philippe Rebbot l’ont résolue à l’écran en faisant un film. Leur premier film comme auteurs et réalisateurs, dans lequel ils jouent Romane et Philippe…
Car Romane et Philippe sont acteurs, pour de vrai. Alors ils peuvent jouer pour de faux… et pour de vrai aussi.
Romane et Philippe se séparent mais pour protéger le fruit de leur amour, Rose et Raoul, ils trouvent l’idée d’un «sépartement» : deux appartements distincts reliés entre eux par la chambre des enfants… Leurs parents et fratries respectifs, leurs amis communs, voient la chose d’un œil circonspect ; et eux mettent en œuvre cette utopie bancale mais tellement saine et réjouissante.
S’il y a, ici, bien sûr, une part d’exhibitionnisme, elle est contrebalancée par l’humour, un sens très précis du comique de situation qui permet d’insuffler de la fiction : un directeur d’école porté sur la discipline capillaire (Gabor Rassov, si drôle), un homme et son chien (Reda Khateb, tout simplement épatant), un couple de voisins, des rencontres de passage potentiels coups d’un soir ou amoureux en devenir, et même une vraie femme politique (Clémentine Autain), qui voit dans la solution prônée par le couple une résolution de la crise du logement…
Romane Bohringer et Philippe Rebbot ne nous racontent pas la souffrance, les disputes et les cris, ils sont bien plus pudiques que cela ! Ils «sortent leurs clowns» et improvisent au fil de la plume et d’un tournage express commencé à l’arrach’ sur le chantier du futur «sépartement». Avec L’Amour flou, finalement, c’est comme si ils avaient fait un troisième enfant. Ils rient d’eux-mêmes et nous font rire ; ils nous émeuvent aussi, car ce qui les lie, même si ce n’est plus de l’amour, ressemble à un idéal de sentiment. Fort, respectueux, juste.