Une Alfa Romeo blanche avance dans l’obscurité et le silence d’une route de campagne la nuit. « Il n’y a qu’en voiture que l’on peut vraiment ressentir le paysage », fait remarquer le chauffeur, VRP habitué des hôtels-étapes et des zones d’activités. Premier film de Jérôme Reybaud, Jours de France est une incitation au voyage, un hymne au road-movie « à la française ». Exit les Chevrolet et les lignes droites, ici on parcourt des départementales en écoutant France Bleu ou un disque dans une compact européenne. Du jour au lendemain, Pierre quitte Paris et son amant Paul pour découvrir la France des territoires avec pour seule boussole l’application de rencontre géolocalisée GrindR. Jours de France est un étrange premier film, plein de maladresses. Des dialogues à la littéralité parfois malhabile, des acteurs pas toujours à l’aise, et une mise en scène souvent trop appuyée, comme si Reybaud souhaitait farouchement faire Œuvre. Et pourtant, c’est dans la simplicité de ces paysages presque vides, comme déconnectés de la présence de leurs habitants, que Jours de France révèle sa grande poésie. Davantage que les personnages, maladroits et anecdotiques, le film nous amène aux retrouvailles avec ces zones urbaines qui semblent en éternel déclin et ces paysages naturels capables de résister à tout. Une France que rien ne semble affecter et qui offre au voyageur, à l’arpenteur, au spectateur, un sentiment d’apaisement, de plénitude. Se recentrer en retrouvant le centre vide de la carte, et en embrassant les bourgs, collines et montagnes d’une France dans l’ombre des grands axes, telle est la promesse de Jours de France.