C’est un homme qui a mal au dos. Mais la douleur, bien sûr, vient d’ailleurs. Ne reste plus qu’à revisiter sa vie ! Jean-Pierre Améris concocte une comédie douce-amère réflexive et drôle.
Homme plié sous une inextinguible douleur dorsale, Laurent courbe l’échine au boulot, devant un petit chef épouvantable ; il renonce à ses rêves de grands projets d’architecture et se retrouve à visiter des ronds- points en banlieue ; à la maison, sa femme est un mystère et sa fille, dont il peine à admettre qu’elle est grande et vit en couple, une source de regrets. De masseurs en rebouteux, il va surtout comprendre qui il est et ce qu’il doit changer… pour aller mieux… En adaptant librement le roman de David Foenkinos, Jean-Pierre Améris retrouve le ton de ses comédies douces-amères, telle Les Émotifs anonymes, et s’approprie, comme il l’avait fait avec une autre adaptation, L’Homme qui rit, d’après Victor Hugo, la douleur intime d’un homme. Laurent, c’est lui, c’est nous. Nous qui ployons parfois sous le quotidien terne de nos vies, dont la grandeur est constamment révisée à l’aune de nos concessions et renoncements. Même si le film peine à trouver son rythme dans son exposition centrée sur un burlesque de situations, avec des personnages un peu épais (notamment le meilleur ami et sa compagne), il se déploie à mesure que Laurent revisite son existence et remédie à ce qui le casse. La deuxième partie, plus dialoguée, devient aussi plus brillante et drôle. Des parents (Henri Guybet et Lise Lametrie, exquis) à son épouse (Judith El Zein, délicieuse) et à la femme qui lui ouvre de nouveaux horizons (Alice Pol, charmante), le casting est juste et original. Et Eric Elmosnino, moitié chien battu, moitié ludion, est parfait en quinquagénaire dépassé, mais néanmoins combatif.
Isabelle Danel