En cette période chamboulée par un vilain virus, réconcilions-nous avec « l’infiniment petit » et apprenons à connaître – et apprécier – un étonnant organisme unicellulaire. Devant la caméra curieuse et amusée de Jacques Mitsch, notre ami le Blob se répand, jamais à court de surprises.
Sous ses atours formels de série B, clin d’œil au fameux Blob d’Irvin S. Yeaworth Jr. (1958), le documentaire de Jacques Mitsch donne la parole à des scientifiques établis, dotés d’un sérieux sens de l’humour. En tête desquels vient Audrey Dussutour, chercheuse au CNRS, spécialiste française de Physarum polycephalum – le petit nom latin du Blob.
Audrey a découvert Physarum polycephalum il y a quelques années, en Australie, et depuis elle s’y consacre pleinement. Avec ses équipes, elle lui prépare ses flans préférés (le Blob a beau être vorace, il sait ce qui est bon pour sa santé), elle lui fait faire des jeux de piste, elle lui apprend à aimer le sel…
Concrètement, le Blob est souvent jaune et il se ramifie pour aller d’un point A à un point B, motivé par la nourriture. On peut suivre ses déplacements grâce à la technique du time lapse et c’est une vision aussi stupéfiante que réjouissante. Car, quoi qu’il arrive, même s’il n’a pas de cerveau et n’est donc pas considéré comme « intelligent » – une notion d’ailleurs débattue dans le film -, il fait toujours les choix les plus efficaces. MAXIMISATION est sa devise. Et s’il n’est pas satisfait, il s’échappe !
En France, au Japon, en Allemagne, aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, des savants se consacrent à l’étude de la drôle de bestiole, multipliant les expériences d’apparence farfelue et pourtant potentiellement essentielles. Les enseignements tirés de l’observation du Blob pourraient en effet avoir de vastes applications, de la cancérologie à la robotique. Alors il n’est pas vain que soit souligné, dans ce film, l’importance de la recherche fondamentale, qui n’a pas de finalité immédiate, qui peut paraître fofolle, mais qui est, comme le souligne Audrey Dussutour, la racine de la recherche appliquée. Celle, plus concrète, sur laquelle on compte pour trouver fissa un remède au Covid-19.
Proposé par ARTE en streaming jusqu’au 19 mai, Le Blob, un génie sans cerveau était présenté en avant-première, en présence de son réalisateur, lors de la dernière édition des Utopiales.
Chose impensable en période de confinement, l’édition 2019 du fameux festival de science-fiction a battu des records de fréquentation, jusqu’à devoir refuser du monde : du jamais vu ! Nous étions donc souvent au coude-à-coude ; ce n’était pas forcément agréable sur le moment, mais maintenant j’en suis quelque peu nostalgique…
Comme chaque année, tables rondes, conférences, expositions et projections ont animé la Cité des Congrès de Nantes pendant le week-end de la Toussaint. La thématique de cette vingtième édition était « Coder/décoder ». Parions que la vingt-et-unième nous aidera à analyser, mettre en perspective et, pourquoi pas, sublimer ce qui est en train de nous arriver. Vivement l’automne prochain pour de nouvelles fabuleuses découvertes !