Après la société de consommation dans Le Grand Soir, c’est au monde de l’entrepreunariat que le duo de réalisateurs Gustave Kevern et Benoît Delépine s’attaque dans cette nouvelle comédie I Feel Good. Bien loin du trash de Groland dont ils sont à l’origine, les réalisateurs signent une comédie étonnamment grand public, et toujours très drôle.
Jacques (Jean Dujardin) est un businessman. Un entrepreneur. Un « startuppeur ». Du moins, c’est ce qu’il pense et raconte à tout le monde quand il atterrit, sans un sou, dans la communauté Emmaüs où travaille sa soeur, Monique (Yolande Moreau). En homme d’affaires se croyant avisé, Jacques fait l’observation suivante : « Les pauvres sont souvent moches. » Il n’en faut pas plus pour que son esprit ravagé se mette à construire un business plan : le projet d’une start-up qui enverrait les pauvres se faire un lifting low cost en Roumanie pour que, devenus plus beaux, ils puissent réaliser leurs rêves. Une chance qu’il soit tombé dans la communauté de Monique, qui lui offre ses clients-tests idéaux.
Charge déjantée, mais pleine de bons sentiments, contre le capitalisme en général et la « génération Macron » en particulier, I Feel Good tourne en dérision jusqu’à l’absurde le langage et les codes du monde de l’entreprise 2.0 hérité à la fois de la Silicon Valley et du MEDEF. Difficile de cacher son plaisir de retrouver Jean Dujardin, quelques années après OSS 117, dans un rôle d’idiot sympathique qui se croit génial. Quant à Yolande Moreau, on la retrouve également dans un rôle de campagnarde brute de décoffrage, dans la droite lignée des Deschiens. Avec toutefois la « main sur le coeur ». Car si le film de Delépine et Kervern sait aller très loin par moments dans l’humour et la parodie, il est bien moins grinçant ou malaisant que les premiers films du duo de réalisateurs grolandais (Aaltra, Louise-Michel…). Leur moquerie n’est jamais offensante ou gratuite. Elle ne vise personne en particulier, et reste toujours bon enfant. En définitive, le film est une ode à la charité et à l’amour du prochain, donnant envie, comme Jacques et Monique, frère et soeur aussi improbables qu’attachants, de rejoindre à son tour une Communauté Emmaüs.