Dans un village isolé et sans nom, dans une époque lointaine, des paysans voient soudain arriver le mal qui détruira leur paradis.
Les blés, les papillons, les oiseaux, les abeilles qu’on regarde courir sur ses doigts avant qu’ils prennent leur envol, l’air et le soleil qui fait cligner les yeux. Les premiers plans de Harvest montrent un monde idyllique, un village sans nom dont les habitants vivent avec bonheur les jours qui passent. Sans se soucier du travail harassant qu’ils doivent accomplir chaque jour pour travailler la terre, récolter de quoi manger, filer, tisser, tresser.
Et puis, un feu. Et puis, trois inconnus, et puis, un homme venu dessiner sur des parchemins la terre et les chemins. Et puis, le « maître » des lieux, pas celui qui, de tout temps a veillé sur eux comme un frère, mais l’autre, celui qui par la loi hérite de tout ce territoire et veut le transformer.
La réalisatrice Athina Rachel Tsangari (Attenberg, 2011) signe un film étrange et troublant, une élégie qui nous traverse par sa beauté pure, comme si l’on humait la douce odeur des foins, comme si l’on sentait la douce caresse de la lumière. Mais bien vite, cela vire au western, dans un contexte historique de Moyen-âge quelque part en Europe, sur le vieux continent. Dans ce paradis aux confins dont les côtes sont caressées par la mer, ce village loin de tout autre village, ce qui devait arriver arrive. Les prédateurs, les marchands, et tous ceux que l’appât du bien d’autrui transforme en monstres… On pourrait appeler ça les temps modernes.
Fable parfois un peu appuyée dans sa volonté de résonner avec notre époque dévastée, Harvest reste un étourdissant regard sur la pureté et la liberté que nous offre la nature, si on ne la dénature.