Le fascinant ovni égyptien Plumes, signé Omar El Zohairy, est de retour avec son édition dvd. Au menu de la galette, le film est disponible en deux versions sonores : stéréo 2.0 ou dolby digital 5.1. Côté suppléments : l’interview filmée du cinéaste à Cannes à la Semaine de la Critique 2021, où il contextualise la genèse et la création de son premier long-métrage, et son savoureux court-métrage Pose de la première pierre des toilettes publiques, au km 375, présenté à la Cinéfondation cannoise en 2014, avec, déjà, l’acteur Samy Bassiouny, et ce sens réjouissant de la poésie absurde et de la composition des plans.
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Omar El Zohairy inscrit son nom dans l’histoire, en tant que premier cinéaste égyptien à présenter un long-métrage à la Semaine de la Critique, où il vient tout juste de décrocher le Grand Prix Nespresso de la 60e édition. Également couronné du Prix FIPRESCI, Plumes (Feathers) est le récit décalé et délirant d’un tour de magie qui tourne au vinaigre, et qui pousse une mère de famille effacée à prendre la relève de son mari pour faire vivre le foyer. C’est une chronique simple sur une famille ordinaire, qui galère pour joindre les deux bouts et survivre dans son petit appartement insalubre d’un quartier populaire et ouvrier. C’est le regard d’un homme réalisateur sur une femme qui relève les défis pour ramener de l’argent, dans un monde patriarcal. L’idée géniale de ce premier film est d’embrasser le réalisme magique et la poésie burlesque pour dépeindre le quotidien. Le misérabilisme est évacué, et la complaisance inexistante. Tout n’est que finesse de construction, de l’écriture à la mise en scène, des décors au montage.
Une grande audace irrigue en définitive les veines de ce grand poulet métaphorique, quelque part entre Jacques Tati, Pierre Etaix et Aki Kaurismäki, sources inspirantes d’El Zohairy, autant que ses aînés du septième art égyptien, qu’il digère et renouvelle avec fraîcheur, sans quête de l’efficacité à tout prix. Qu’il est bon de voir le jeune cinéma arabe actuel s’aventurer avec réussite sur les chemins de traverse du genre, d’Abou Leila d’Amin Sidi-Boumédiène au Miracle du saint inconnu d’Alaa Eddine Aljem ! Le réalisateur croit dur comme fer dans son postulat loufoque et s’y tient, sans appuyer lourdement la farce, mais en se concentrant justement sur la circulation de l’argent, l’exploitation humaine, le système D, et la chaleur solidaire qui parfois colmate les brèches douloureuses. Nourri d’une intelligence pointue et d’une maturité d’observation, Omar El Zohairy emballe de A à Z.