Fantastic Birthday
Dès les premiers instants de Fantastic Birthday, l’univers étriqué de la timide Greta, de son ami mal coiffé Elliot et de leur collège de boutonneux, apparaît autant singulier que familier. Les ados balbutient, trébuchent sur les contours de personnalités mal dessinées, suffoquant de leurs âges ingrats, bourrés de doutes et de complexes. Dans l’idée de la dégourdir, les parents de Greta organisent une fête d’anniversaire pour leur fille. D’abord affolée, Greta s’y résout finalement. Le jour J, elle fait alors une expérience spectaculaire…
L’esthétique de Fantastic Birthday, engoncé dans un format 1:33 et ses pattes d’eph 70’s, son caractère éminemment soigné, son filmage assuré, son humour au vitriol qui fait mouche, ne permettent pas de présumer qu’il s’agit là d’un premier film. Pêle-mêle, la réalisatrice Rosemary Myers convoque la fantaisie d’un Wes Anderson, l’inspiration d’un Gondry, le grinçant d’un Todd Solondz et ne cesse de surprendre. Le plus étonnant est certainement le twist qu’elle confère à son récit, fomentant une plongée soudaine, sombre et irréelle, dans une « forêt adolescente » qui prend forme sous nos yeux. Cette expression tumultueuse fait penser à David Lynch tant elle est emplie d’énigmes, de saugrenu et de tensions inattendues sans jamais perdre l’intérêt du spectateur. Le point commun à tout cela est un esprit de comédie au carrefour des passions de Rosemary Myers pour le théâtre et les contes de fées qu’elle a explorés longtemps avec le scénographe Jonathon Oxlade et le scénariste Matthew Whittet, coauteurs de Fantastic Birthday avec elle. En somme, plus encore que l’anniversaire de son personnage Greta, nous célébrons avec ce film l’acte de naissance d’une équipe de grand talent au cinéma.