En roue libre

Gentils fêlés

C’est un huis clos doublé d’un road movie. Avec Marina Foïs et Benjamin Voisin, duo comique inédit pour un premier film sympathique.

 

Un matin, Louise descend en robe de chambre pour déplacer sa voiture en bas de son immeuble. À cause de la contravention qui guette… Et soudain, c’est la crise de panique, impossible de sortir du break Volvo jaune que lui a légué son vieux père. Infirmière, Louise se rend à l’hôpital, mais, incapable d’y pénétrer, en repart et erre dans sa ville de Beaune avant de se garer pour la nuit. C’est là qu’un jeune homme énervé, Paul, décide de piquer sa bagnole pour aller au cap Ferret…

Histoire d’une rencontre improbable entre deux gentils fêlés, ce huis clos sur roues est donc un road movie ! Premier long- métrage de Didier Barcelo, producteur de Swagger d’Olivier Babinet (2016), En roue libre dévide son postulat avec quelques moments de grâce et une ou deux idées joliment farfelues. Les plans larges de route, les lieux de haltes diverses, alternent avec des plans serrés des deux acolytes conduisant et devisant. Détournant parfois avec malice le cadre restreint de l’habitacle, la mise en scène s’échine à ne pas trop ronronner. Le résultat est moins déjanté que ce dont on pouvait rêver, mais l’apprivoisement lent des deux personnages et les changements (même infimes) qui se dessinent en eux maintiennent jusqu’au bout l’intérêt. L’épatante Marina Foïs, tout en désenchantement joyeux, et, en chien fou rigolo,  Benjamin Voisin (Été 85, Illusions perdues) décidément fracassant, s’amusent à nuancer le ping-pong verbal de Louise et Paul, basé sur des divergences intergénérationnelles et un terreau commun d’humanité chagrine. Un troisième personnage original, incarné par Jean-Charles Clichet, en oxymore vivant (mou dynamique !) vient doucement bousculer leur tête-à-tête. Sans rien renouveler, En roue libre propose une échappée belle.