La première « rom com » lesbienne made in France est arrivée. De l’audace et de la saveur dans ces premiers pas au cinéma d’Océane Rose Marie. Malgré des baisses de régime, son manifeste reste léger, frais et touchant.
C’est l’année de la découverte sur grand écran pour Océane Rose Marie, connue musicalement sous le pseudo Oshen. Trois albums au compteur, et de la scène comme one woman showgirl. Coscénariste d’Aurore de Blandine Lenoir, variation lumineuse sur la féminité, autour d’une cinquantenaire à la croisée de mille chemins, elle est ici auteur, réalisatrice, protagoniste, et porte son propre nom de scène dans sa fiction. Une histoire simple. Le portrait d’une femme d’aujourd’hui, qui aime les femmes et qui est bien dans ses baskets. Collectionneuse, elle voit sa routine déboussolée le jour où elle croise celle qui la fait craquer plus que les autres. La nana de sa vie, quoi. L’héroïne ostéopathe découvre donc l’attachement, le bien-être possible pour elle-même, et se voit confrontée à l’engagement. La première « rom com » lesbienne made in France est arrivée. Évacués les questionnements, tourments et atermoiements identitaires.
L’écriture est simple, limpide. Elle avance en adéquation avec son héroïne et ses états d’âme successifs. Et les dialogues ont de la saveur. En revanche, le rythme et la mise en scène manquent de tenue, ce qui empêche le tout de décoller complètement. Certains personnages sont moins creusés et plus fantoches. Mais les couleurs se battent en duel à l’image et la bande son pop’ donne le ton. La cinéaste fait de la tonicité et de la joie un étendard créatif, ici en duo d’écriture et de réalisation avec Cyprien Vial, qui livrait il y a deux ans l’émouvant Bébé tigre. Ensemble, ils sont partis du spectacle de la première, La Lesbienne invisible, qu’ils ont prolongé avec ce scénario, qui ose et défriche avec aplomb et douceur, même si on est déjà en 2017. Engagée jusqu’à son propre corps à l’image, Océane embarque avec elle un casting éclectique, d’Alice Pol à Michèle Laroque, d’Isaach de Bankolé à Laure Calamy et Grégory Montel, tous deux popularisés par la série télé Dix pour cent. C’est léger, frais, et touchant.