Après six saisons de la série so British créée par Julian Fellowes (2010 à 2016), les Crawley et leurs serviteurs reviennent pour un film rapide et élégant.
Fans de la série, inconsolables de l’arrêt définitif après la saison 6, réjouissez-vous, le petit monde de Downton Abbey est de retour pour un unitaire de cent vingt-trois minutes, sur grand écran. C’est en quelque sorte la version large des Christmas specials, ces épisodes plus longs et plus fournis qui clôturaient chaque saison. Mais le faste de la grande demeure, la beauté des costumes, le nombre des personnages principaux (plus d’une vingtaine) remplissent avantageusement et abondamment le cadre cinématographique.
L’histoire est simple et efficace ; elle est imaginée par le showrunner et scénariste de la série, Julian Fellowes (jadis oscarisé pour le script de Gosford Park, réalisé par Robert Altman). Nous sommes en 1927, et une lettre annonce l’arrivée imminente du roi George et de la reine Mary, qui passeront une nuit à Downton. Le branle-bas de combat qui s’ensuit réveille toute la maisonnée ; les serviteurs très excités déchantent lorsqu’ils découvrent que cuisiniers, majordomes et autres débarquent bientôt pour servir sur place ces royales présences. Habilement écrit, chaque étage de la majestueuse demeure étant nourri de petites intrigues amusantes, le film va à toute allure. Certaines péripéties prouvent que les temps changent, tout en maintenant l’idée que le château est le cœur de la région et qu’il doit donc rester ce qu’il est, impeccable et immuable, avec son monde d’en haut et son monde d’en bas.
Embrassant l’ensemble comme un orchestre, tout en ménageant quelques duos, la mise en scène efficace reste élégante et le rythme soutenu emporte le tout. Et puis, même s’il n’ont pas tous la place qu’on souhaiterait, il y a les retrouvailles avec les acteurs… Le couple Hugh Bonneville et Elizabeth McGovern, comte et comtesse, délicieusement surannés ; Michelle Dockery, toujours combative en Lady Mary ; Joanne Froggat en Anna, femme de chambre résolument malicieuse. Et tous les autres. Même Jim Carter, qui prête ses traits au majordome Carson, si drôle d’impavidité, et pourtant démissionnaire en fin de saison 6, reprend du service pour l’occasion. Et puis il y a Maggie Smith. L’immense et éternelle Maggie Smith. Qui réinvente avec gourmandise les mines pincées de la douairière Violet Crawley, fait son miel de chaque réplique, même la plus banale (« Je ne me querelle pas ! J’explique ! ») et vole tranquillement la vedette à tout le monde. Rien que pour ce hold-up spectaculaire, le film vaut le détour.