Sur la vie et la mort de Reyhaneh Jabbari, jeune Iranienne ayant poignardé et tué l’homme qui tentait de la violer, ce documentaire terrifiant est absolument nécessaire.
Depuis des mois, la révolte iranienne Femme, Vie, Liberté nous raconte des histoires terribles d’oppression et d’assassinat des femmes de ce pays, qui continue d’exercer la loi du Talion. C’est la mort de Jina Mahsa Amini, quelques jours après son arrestation à Téhéran en septembre 2022, qui a mis le feu aux poudres. Elle était accusée de « mal » porter le voile.
Avant elle, d’autres histoires ont traversé nos journaux, fait frémir nos consciences et commencé à alerter l’opinion publique… Sans aucun résultat. L’histoire que raconte le film documentaire de l’Allemande Steffi Niederzoll est de celles-là. En 2007, à Téhéran, une jeune femme de 19 ans, Reyhaneh Jabbari, est accusée de meurtre et condamnée à mort. Elle avait poignardé l’homme qui avait tenté de la violer dans l’appartement où il l’avait fait venir pour lui proposer un travail de décoration. Ce film retrace son parcours, jusqu’à son exécution en 2014 ; et celui de sa famille, qui s’est battue pendant sept ans pour obtenir sa libération, puis demander au fils du mort de lui pardonner et de ne pas faire exécuter la sentence.
La matière principale du documentaire vient d’archives familiales sur l’avant et l’après. Il y a les jours heureux, des images lors de repas ou d’un congrès, et les jours sombres émaillés de documents volés : vidéos ou photos pirates prises au téléphone portable lors de visites de la mère et des sœurs de Reyhaneh en prison, enregistrements de sa voix au téléphone… Quelques textes et déclarations de la jeune femme, simples et dignes, sont repris en voix off par la comédienne Zar Amir Ebrahimi.
Le but du documentaire est de retracer cette attente de sept ans, comme si on n’en connaissait pas la fin. De faire vivre au spectateur la torture d’une mère impuissante à sauver son enfant. Notamment à travers une vidéo insoutenable prise dans une voiture devant la prison, lors de la dernière attente qui se soldera par la mort de Reyhaneh. Aujourd’hui en exil en Allemagne, Shole et ses deux filles témoignent aussi, face caméra, tandis que le père, resté en Iran avec interdiction de sortir du territoire, est également filmé. Si on peut être heurté par certaines options de la réalisatrice, il y a, au fond de nous, la conscience que ces choix sont nécessaires pour nous faire ressentir de l’intérieur cette douleur inouïe de l’injustice criante.