Les films de zonzon ne s’y arrêtent jamais. Ils ont leurs habitudes des cellules, des parloirs, mais ne font jamais que passer dans ces couloirs étroits et gris où avance le premier long-métrage de Rachida Brakni, allant de sas en sas de sécurité et s’y arrêtant, le pas-à-pas d’une implacable montée en tension dramatique. De sas en sas situe sa singularité dans ces espaces sans cinégénie de la prison, par lesquels transite le réalisme de son drame social. Entre les grilles des sas, elle enferme en filmage Scope et en un cadrage si resserré qu’il en étouffe l’atmosphère, des familles, des femmes, des filles, une enfant, qui viennent rendre visite à leur détenu. On ne verra jamais les prisonniers, laissés hors champ de son huis clos carcéral choral ; on n’entendra d’eux que la rumeur grandissante de leur grondement sourd. Dans la touffeur d’un été caniculaire, l’actrice Rachida Brakni enferme ses personnages comme si leur liberté leur était confisquée, et épuise peu à peu leurs forces entre ces murs. Accablés par la chaleur, par l’attente, ils finissent par exploser, pleins de ressentiment et de dissentiment, cherchant désespérément à respirer dans cet air suffocant. Actrices professionnelles et non professionnelles parent le film d’éclats de rire comme de désespoir ; il y a de la vie à tout instant. Ce cinéma de rage cogne au rythme des battements de leurs cœurs, il est vital.