Cro Man

Avant, on était amoureux de Gromit, toutou tout mutique, drôlement savant, qui se nichait dans le bestiaire des animaux de cinoche avec qui on aimait bien être en compagnie. Ça rigolait bêtement, avec cette bestiole sans parole, qui nous faisait autant hurler de rire que Scrat dans L’Age de glace, l’écureuil qui courra toujours, avec une obsession aussi entêtée qu’absurde, après son gland, son Graal.

Bon, mais revenons à nos moutons, sans sauter de barrière : Gromit, donc, était notre chouchou du monde animé de Nick Park. Même Shawn le mouton et Chicken Run n’avaient pas réussi à nous faire la cour. Et puis, nom d’un chien, voilà que patatras, cœur d’artichaut, on s’est entiché du petit nouveau sorti de l’enclos des studios de Bristol : Crochon. Mi cochon mi sanglier, sauvagement gentil, taiseux comme Gromit, ce copain du kid des cavernes de Cro Man est devenu immédiatement notre ami doudou, ramenant de l’enfance les souvenirs des marionnettes échevelées de Sesame Street. Crochon, trop mignon, c’est l’animal bonne pâte, malin, qui a du flair, du pif, du chien : un ami pour la vie. Et dans la vie imaginaire de Cro Man, Crochon, tout ce qu’il veut, c’est jouer au ballon.

Au ballon ? Non, au foot, et ce n’est pas pareil. Le foot, chez les Anglais, ce n’est pas que du jeu pour amuser les foules. C’est un sport national, avec ses héros du stade. Le pays y joue depuis des siècles. Et même : depuis des temps immémoriaux. Une vieille histoire, de la préhistoire même, c’est ce que raconte Nick Park avec Cro Man. Le foot, c’est anglais d’origine, et tant pis si certains ne sont pas d’accord avec ce gros mythe, quand on est un créateur british, on ne peut pas se faire voler le match.

Cro Man, c’est du pur made in Park. De l’animation loufoque, cinoque, baroque, qui va vite, au rythme frénétique de gags à gogos dont on est gaga. C’est foot et c’est fou : un must.