À 35 ans, fraîchement diplômée d’un doctorat en philosophie, Sophia galère : ni job, ni appartement, ni liaison stable. Seule sa relation fusionnelle avec son frère lui apporte un peu de bonheur – jusqu’à ce que ce dernier rencontre l’autre femme de sa vie…
Montage cut, faux-raccords volontaires, jeux de couleurs et esthétique pop : Monia Chokri, égérie des films de Xavier Dolan, ne renie pas l’héritage du cinéma qui l’a révélée comme comédienne. Pourtant, elle fait oublier la comparaison avec le génie québécois et transcende une esthétique plus si novatrice que ça par un humour fin et ravageur. La Femme de mon frère est une vraie comédie, bénéficiant de dialogues au cordeau et d’un personnage central bien dessiné, porté par l’énergie de la formidable Anne-Élisabeth Bossé. Sa Sophia est mordante, elle a le sens de la répartie et regarde sa vie et celle des autres avec une forte ironie, l’empêchant de (trop) s’apitoyer sur son sort.
La Femme de mon frère suit une héroïne parfois malheureuse et un peu pathétique. Mais, sans se moquer de son personnage principal, le film ne bascule jamais dans le drame ou le pathos. Ce qui arrive à Sophia n’est, dans le fond, pas si grave. Elle ne se met jamais dans des situations extrêmement embarrassantes ou anormalement complexes, comme dans certaines comédies américaines centrées sur un personnage féminin en difficulté (Bad Teacher, Mes meilleures amies, Obvious Child…). Sophia est simplement une jeune femme de son temps, aux difficultés ordinaires, dans lesquelles chacun peut se reconnaître. Elle souffre de ne rencontrer personne d’intéressant – ou de trouver tout le monde ou presque passablement idiot —, elle souffre de n’être plus si jeune, elle souffre de la comparaison avec d’autres filles plus jolies qu’elle, ou mieux insérées socialement (même si elle se protège par une armure de mépris). Mais elle a le soutien et l’amour de sa famille, légèrement excentrique, et n’a pas peur d’être indépendante. Comédie romantique moderne, dans la lignée de séries offrant un ton nouveau comme Fleabag, La Femme de mon frère est un portrait drôle, fin et piquant, d’une femme moderne et urbaine, quelque part entre solitude et indépendance, candeur et malice, légèreté et gravité.