Un étranger venu construire un moulin réveille chaque nuit le village par ses hurlements… Cette joyeuse fable sur la différence a plus d’un tour dans son sac (de farine).
Dans ce village du bout du bout, l’ambiance est champêtre, les habitants sont accueillants, les filles sont jolies. Surtout Carmen, la fille du maire, avec sa jupe rouge et son visage frais comme une fleur. Cornélius, meunier de son métier, vient un jour s’installer, et tout le monde d’applaudir lorsqu’il se met à bâtir son moulin, car désormais il y aura du pain… Mais voilà, la nuit venue, l’homme hurle à fendre l’âme, à réveiller les morts…
Librement adapté d’Arto Paasilinna (auteur singulier et réjouissant, notamment du Lièvre de Vatanen), du roman Le Meunier hurlant qui se passait en Finlande après la guerre, cette fable politique et déjantée rejoint les excentricités joyeuses des films précédents de Yann Le Quéllec, Je sens le beat qui monte en moi et Le Quepa sur la Vilni ! Ces corps possédés, indomptables, incompréhensibles pour les autres, à moins que, comme dans le premier opus du réalisateur et dans celui-ci, l’amour s’en mêle…
Il y a un vrai charme dans ce conte foutraque qui s’amuse de lui-même et de sa bonhommie. Si la matière même du film, comme son héros hirsute et beuglant, part dans tous les sens et semble manquer de contrôle, on se régale à cette poésie débridée et souvent inattendue, portée par l’étrangeté du géant Bonaventure Gacon et la grâce infinie d’Anaïs Demoustier. Comme dans un inventaire à la Prévert, on trouve, ça et là, quelques incongruités délicieuses, dont la chanson d’Iggy Pop (en français s’il vous plaît) n’est pas la moindre…