Captain Marvel
SF, action et espionnage intergalactique servent d’écrin au premier film en solo pour une héroïne des studios Marvel. Le résultat, drôle et même parfois convaincant, est une bouffée d’air frais dans l’univers du blockbuster.
«You’ll believe a man can fly» : il y a un peu plus de quarante ans, la Warner faisait la promotion du Superman de Richard Donner avec cette inoubliable phrase d’accroche. «You’ll believe a woman can fly» pourrait être celle du 21e opus du Marvel Cinematic Universe et premier consacré à une super-héroïne. On y suit les traces de Captain Marvel, valeureuse combattante de la civilisation Kree, projetée sur Terre dans le cadre d’une sombre affaire d’espionnage impliquant les Kree et leurs ennemis mortels, les Skrulls. Comme Black Panther l’année dernière se voulait un pas en avant dans la représentation des héros noirs dans le cinéma d’action, les aventures de Captain Marvel représentent la volonté du célèbre studio aux vues progressistes de mettre en première ligne un personnage féminin.
On pourra commencer par objecter que chez les concurrents de DC, Wonder Woman est arrivé près de deux ans plus tôt et réalisé par une femme, Patty Jenkins, tandis que le dernier-né des studios Marvel est réalisé par un couple mixte, Anna Boden et Ryan Fleck. Mais on le sait, le poste de réalisateur n’est pas l’élément essentiel dans la conception d’un film Marvel, tant l’emprise de Kevin Feige, producteur clé du studio, semble forte sur les œuvres qu’il met en chantier. Et, une fois de plus, décors, musique et scènes d’action, plus ou moins efficaces, sont en harmonie avec le reste des productions Marvel. Mais les deux réalisateurs, qui ont également participé au scénario du film, ont apporté avec eux Ben Mendelsohn, l’antihéros de leur précédent opus Under Pressure, auquel ils ont confié un rôle d’une relative complexité pour un film de cette taille. Ils ont également su trouver le juste dosage entre humour et esprit de sérieux pour illustrer les aventures de la guerrière Kree. Brie Larson, tout en détermination, mais avec ce qu’il faut de recul, donne une jolie incarnation du personnage créé sur papier par Gene Colan et Ross Thomas en 1968.
Cette heureuse combinaison, ponctuée de scènes savoureuses, comme celle où Captain Marvel traînant sur le sol un de ses adversaires masculins par les cheveux, fait de ce récit d’émancipation féminine un des blockbusters les plus sympathiques de ces derniers mois.