Le dernier-né de Dominik Moll, La Nuit du 12, revisite adroitement le polar en étant un plaidoyer vif contre la violence faite aux femmes. À voir absolument.
Une nuit, en pleine rue, Clara est brûlée vive par un inconnu. Yohan, enquêteur à la PJ de Grenoble, est chargé de cette affaire, qui, rapidement, le hante. Inspirés par une trentaine de pages du livre de Pauline Guéna, 18.3 – une année à la PJ, relatant un homicide similaire resté irrésolu, Dominik Moll et son coscénariste Gilles Marchand en ont retenu les raisons mystérieuses qui avaient lié l’enquêteur à ce crime monstrueux. Yohan (Bastien Bouillon, profond et admirable) incarne ainsi cette obsession particulière dans La Nuit du 12, presque comme s’il s’agissait d’une malédiction. Il cherche le meurtrier au gré d’interrogatoires incessants, malgré des fausses pistes qui le révoltent. Et remplit ses obligations envers un challenge quotidien éprouvant, notamment celui qui consiste à tenir le groupe des flics qu’il dirige. Sur le terrain, il forme un tandem singulier avec Marceau (Bouli Lanners, sentimental et pétri d’humanité), l’un et l’autre s’épaulant autant qu’ils se jaugent dans leur exercice et la progression étrange de l’affaire. La meilleure amie de la disparue, Nanie (Pauline Serreys, une belle révélation) introduit avec douleur le fil rouge souterrain de cette intrigue : la violence faite aux femmes. Le constat est poussé plus loin encore lorsqu’une juge (magnifique Anouk Grinberg) reprend en main le dossier. Et lorsque Yohan accueille une nouvelle collègue, Nadia (Mouna Soualem, subtile), consciente d’évoluer dans le milieu majoritairement masculin de la PJ, où il vaut mieux planquer sa sensibilité sous des blagues potaches. La mise en scène graphique, la multiplicité de nouveaux visages d’acteurs, la vigueur du ton employé, sa justesse et la musique originale viennent compléter l’excellence de La Nuit du 12, présenté à Cannes Première en mai dernier et en salles aujourd’hui, l’un des meilleurs films à ce jour de Dominik Moll.
Olivier Bombarda