Accalmie animée, fantastique et rêveuse au rendez-vous de la toute première projection de Cannes Classic 2019 avec Le Serpent blanc de Taiji Yabushita, chef- d’œuvre et premier film d’animation japonais datant de 1958, présenté à Cannes entièrement restauré.
Si l’histoire de la production du film par les studios Tôei révèle les ambitions nipponnes de l’époque à concurrencer les studios Disney, il a marqué des générations entières de spectateurs, dont l’illustre Hayao Miyazaki au tout début de sa carrière. Le chatoiement des couleurs rivalise avec l’audace du sujet (l’amour fou d’un prince pour une princesse, qui n’est autre qu’un serpent blanc), si proche de l’éclectisme visuel et de la culture Yōkai. On est frappé et confondu devant l’inventivité, le modernisme, l’originalité de ce film, où l’on croise, par exemple, les sources directes de l’univers marin de Ponyo de Miyazaki ou les délires de combats galactiques d’Astro Boy de Tezuka. L’ensemble apparaît précurseur dans Le Serpent blanc, comme s’il s’agissait d’établir une grammaire pour le futur, comme si cette manne dessinée était un condensé d’alphabet fondamental pour les animateurs d’hier et d’aujourd’hui. Proprement magique.