Cannes 2019 : Roubaix, une lumière
À Roubaix, un soir de Noël, Daoud le chef de la police locale et Louis, fraîchement diplômé, font face au meurtre d’une vieille femme. Les voisines de la victime, deux jeunes femmes, Claude et Marie, sont arrêtées. Elles sont toxicomanes, alcooliques, amantes…
Les avis de la bande :
Arnaud Desplechin filme un policier (Roschdy Zem, impeccable en parangon de droiture et d’élégance) et son jeune collègue (Antoine Reinartz, dont la douceur de la voix et la rousseur évoquent Desplechin lui-même) confrontés à la désolation d’une ville sinistrée et de ses habitants. L’un et l’autre guideront deux jeunes femmes (Léa Seydoux et Sara Forestier) sur le chemin des aveux de leur crime avec empathie et respect. Arnaud Desplechin tisse sa chorégraphie policière avec une infinie subtilité et fait monter la tension de son récit avec la précision d’un métronome. Son héros n’est pas un justicier ordinaire, mais un homme éclairé, lointain cousin des personnages qu’incarnait Henry Fonda dans 12 Hommes en colère et Le Faux Coupable. Le travail magnifique de la photographie fait valser, dans chaque cadre, l’ombre et la lumière, comme une variation métaphysique sur les mouvements intimes et insondables qui enferment ou animent les êtres.
Anne-Claire Cieutat
Dans Roubaix, une lumière, Arnaud Desplechin renouvelle son cinéma avec un thriller policier. Mais le style du réalisateur français persiste : il y a toujours chez ses personnages un romanesque bien particulier. Une manière d’agir et d’être filmés qui les arrache du cadre austère des enquêtes dans lesquelles ils se sont enlisés. Et la recherche pour chacun d’une lumière pour s’en extraire. Voilà un cinéma de la nuance parmi les méandres.
Hélène Robert
De temps en temps, Arnaud Desplechin aime sortir des sentiers sur lesquels on l’attend. La dernière fois, c’était en 2013, avec son western psychanalytique sensible, le mal-aimé Jimmy P. Cette fois, il se fait encore plus radical et abandonne Mathieu Amalric (le temps d’un film), intègre Roschdy Zem à sa troupe et signe un polar dans les rues de Roubaix. Sous la direction du réalisateur de Rois & reine, le grand comédien livre une interprétation d’une chaleur et d’une nuance incroyables, renforçant encore (si c’était possible) l’admiration qu’on peut avoir pour lui.
François-Xavier Taboni