Cannes 2019 : Matthias & Maxime
Deux amis d’enfance s’embrassent pour les besoins d’un court métrage amateur. Suite à ce baiser d’apparence anodine, un doute récurrent s’installe, confrontant les deux garçons à leurs préférences, bouleversant l’équilibre de leur cercle social et, bientôt, leurs existences.
Les avis de la bande :
Un dessin d’enfant, deux amis à 7 ans. Inséparables. Et quelque vingt ans plus tard, l’un qui part, l’autre qui reste. Une séparation, une déchirure… Amour, amitié … La frontière entre les deux est si ténue. Si difficile à franchir, pourtant, pour Matt qui n’arrive pas à s’avouer son trouble vis-à-vis de Max. Son désir aussi… Xavier Dolan, qui interprète lui-même Max, semble revenir à ses débuts, avec ce film sur l’adieu. À l’enfance. À la bande de potes aux immuables blagues. À la lourdeur familiale aussi… Il le fait avec quelques afféteries, ralentis, accélérés, répétitions. Mais avec une fraîcheur retrouvée. Quelque chose de juvénile. Et de touchant.
Isabelle Danel
Avec Matthias & Maxime, Xavier Dolan filme une partition chaotique, parfois très diluée et pas toujours rigoureuse ni séduisante. Mais il y a aussi quelque chose de très touchant dans cette variation sur un amour non avoué entre deux amis d’enfance. Dans la texture même du film, sa photographie, son découpage, cohabitent une énergie juvénile et une grande mélancolie. On croit ferme à la sincérité des sentiments qui unissent les héros du titre et l’on pleure aux séquences finales dans lesquelles Dolan est très convaincant.
Anne-Claire Cieutat
Matthias & Maxime, tourné très vite après Ma vie avec Donovan, s’annonçait comme la réponse rapide au demi-échec de la tentative américaine de Xavier Dolan, tandis que le spectateur frémissait déjà à une spontanéité retrouvée dans ce geste cinématographique présent en compétition. Malheureusement, Matthias & Maxime s’avère chaotique malgré son dynamisme, long et ennuyeux malgré la volonté de renouer avec l’histoire d’une bande de copains en traitant d’une génération. Les thèmes récurrents (l’homosexualité larvée, le mal-être du jeune adulte, les disputes avec les mères) apparaissent ici boursouflés. Dolan, qui interprète le rôle de Maxime, dit Max, semble être avant tout en mal de faire l’acteur, avec une haute dose de narcissisme. Bizarrement, le Québecois laisse l’impression d’une régression avec ce film, où aucune véritable idée et aucun dialogue fondamental ne surnagent. On espérait que Dolan replonge aux sources des débuts de sa filmographie étonnante. Hélas, non. Le réalisateur possédant une aura nourrie par un socle d’admirateurs indéfectibles, on espère qu’il saura entendre la critique, qui risque de ne pas être tendre avec ce dernier opus, et qu’il saura se remettre en question pour le bonheur de tous les spectateurs.
Olivier Bombarda
Amis depuis toujours, Matthias et Maxime se posent des questions sur leur relation quand ce dernier prévoit de partir vivre deux ans en Australie. Un peu trop long et conforme à ce qu’on pouvait en attendre (naïveté scénaristique, passages clippés, esthétique 90’s, présence d’Anne Dorval…), le huitième film de Xavier Dolan, confirme pourtant le talent de son auteur pour filmer les scènes de groupe. Et sa sensibilité quand il s’agit de capter les émois tremblants d’une amitié amoureuse. Ce qui n’est pas rien, reconnaissons-le.
François-Xavier Taboni