Cannes 2019 : Liberté
Trois ans après la présentation à Cannes de La Mort de Louis XIV, Albert Serra fait un bond de soixante ans dans le temps et s’intéresse aux activités de quelques libertins qui se retrouvent, le temps d’une nuit, dans une forêt pour assouvir leurs fantasmes. Unités de temps, de lieu et d’action sont appliquées à la lettre dans le nouvel opus du réalisateur du Chant des oiseaux, où rien ne doit nous détourner de ce qui se passe à l’écran, soit la représentation de diverses activités sexuelles, très directement inspirées par les écrits du Marquis de Sade. Et c’est le grand reproche qui peut être fait à Liberté, tant Albert Serra y reprend le principe de catalogue, parfois fatigant, déroulé par Sade dans Les 120 Journées de Sodome. Mais l’inspiration plastique de certaines scènes (une sublime scène d’orage et plus généralement, la manière dont le cinéaste filme la forêt comme un personnage à part entière) ainsi que la beauté et la musicalité de la langue font de Liberté une extension fascinante du territoire dessiné de film en film par Albert Serra.