Cannes 2018 : Scorsese et Ciro Guerra à la Quinzaine

Deux événements pour le prix d’un : avant de découvrir le film qui allait suivre L’Etreinte du serpent (présenté à la Quinzaine en 2015) dans la filmographie de Ciro Guerra, la remise du désormais traditionnel Carrosse d’or fut un événement à la fois mélancolique et touchant. C’est, en effet, un Scorsese visiblement ému qui a commencé par rendre hommage à Pierre Rissient avant d’entamer une impressionnante (mais loin d’être exhaustive) liste de cinéastes passés par la plus célèbre sélection parallèle de Cannes. Alors que sont célébrés les cinquante ans de la Quinzaine, le réalisateur de Mean Streets (présenté à la Quinzaine en 1974) a évoqué les noms de Robert Bresson, Ousmane Sembene, Nelson Pereira dos Santos, des frères Dardenne et Taviani, tandis que son directeur actuel Edouard Waintrop, a notamment célébré la mémoire d’Hugo Santiago, récemment disparu, dont la Quinzaine, lors de sa première édition, avait présenté le premier film, le saisissant Invasion.

Cette entrée en matière tournée vers le passé a fait un bond subit dans le présent quand Ciro Guerra et son épouse Cristina Gallego sont venus présenter sur scène leur nouvel opus, Les Oiseaux de passage. Productrice attitrée de son mari, Cristina Gallego accède avec ce film au statut de coréalisatrice, permettant à Ciro Guerra d’affirmer plus clairement l’importance de son épouse dans l’élaboration de ses films. Quant au film, dont nous parlerons plus longuement lors de sa sortie en salles (en septembre 2018), disons qu’il s’agit d’un drame familial et criminel dans la tradition antique du genre, mais dont la texture onirique, frappée par une impressionnante bande-son et par un casting saisissant, marque immédiatement les esprits.