A la fois virtuose, violent, malsain et stimulant, le dernier long métrage de Gaspar Noé ne devrait pas bouleverser les opinions de ses détracteurs comme de ses fans. Il reste une fascinante expérience de cinéma.
Tout le monde l’attendait au tournant, et Gaspar Noé n’a certainement déçu personne, du côté de ses admirateurs comme de ses pourfendeurs. Projet mystérieux, apparemment tourné en peu de temps, Climax est une forme de happening brutal et beau, qui convoque la plupart des obsessions de son auteur. L’argument en est simple : une troupe de danseurs, après avoir bu une étrange sangria, se retrouve prise de folie furieuse. Inscrit dans un huis-clos, le nouvel opus du réalisateur d’Irréversible est à la fois attendu et éblouissant. Attendu dans sa virtuose seconde moitié, celle du film d’horreur en apesanteur ponctué de cartons métaphysiques, mais surtout surprenant dans sa toute aussi virtuose introduction : un plan séquence hallucinant, habité par la chorégraphie animale des danseuses et danseurs que Noé filme avec une évidente gourmandise. Entretemps, le cinéaste décrit la folie, bientôt homicide, qui s’empare progressivement d’une troupe de jeunes gens. Sous la houlette d’une Sofia Boutella épatante, les autres personnages du film sont incarnés par des danseurs recrutés pour l’occasion, qui se révèlent des comédiens plus que convaincants. Ils participent de l’étonnante fraicheur et du mystère de ce film envoûtant, qui porte bien haut son titre comme un slogan.