Décédé à l’âge de 89 ans, Ingmar Bergman a laissé derrière lui une œuvre colossale : 55 films, de nombreux téléfilms et des dizaines de pièces de théâtre. Jane Magnusson tente d’expliquer les raisons d’une telle productivité dans ce documentaire affable.
En 2018, Ingmar Bergman fait l’objet de nombreuses déclarations d’amour : ses films ressortent en salle et des documentaristes admiratives de son talent brossent son portrait. À la différence de la démarche poursuivie par Margarethe von Trotta dans À la recherche d’Ingmar Bergman, Jane Magnusson s’attache davantage à l’homme qu’à l’œuvre, à l’amant plutôt qu’au père.
Drôle, ni redondant ni hagiographique, le documentaire est riche en intervenants et extraits de films. Bergman, une année dans une vie intéresse particulièrement lorsqu’il lève le voile sur la part d’ombre du réalisateur. Ainsi sont remis en question le contenu de l’autobiographie qu’il avait publiée et son comportement volontiers violent et déraisonné sur un plateau de tournage.
Pierre angulaire du film, l’année 1957 de la vie du cinéaste n’est finalement que prétexte à mettre en exergue la formidable vitalité de Bergman. En hommage à la période retracée, le documentaire se révèle rapide et exhaustif. Les nouvelles épouses et les projets cinématographiques s’entrechoquent d’une séquence à l’autre, laissant un arrière-goût mélancolique à l’ensemble : que Bergman cherchait-il tant à fuir pour courir si vite ? Pudiquement, des réponses psychanalytiques sont esquissées.
Mais hélas, le dispositif du documentaire se heurte à sa propre nature. On aurait aimé, pour approcher Bergman, savourer ici et là des passages de son œuvre qui vivraient sans commentaire. Des extraits témoignant de son imagination, de sa force, voire de sa folie…