Suite à un défi, Ruffin accompagne Sarah Saldmann trimant parmi ceux qu’elle traite de fainéants et d’assistés. Ce serait joyeux si ce n’était pas terrible…
Sur RMC, outré d’entendre l’avocate et chroniqueuse Sarah Saldmann traiter une partie des Français de feignasses et d’assistés, François Ruffin, député de la Somme, homme de gauche et cinéaste, la met au défi de vivre une immersion d’un mois ou deux dans le monde des smicards. Elle tope là, pour une semaine seulement, et joue le jeu… Touchant du doigt le courage des femmes et des hommes (coursiers, emballeuses de poisson, assistantes à la personne, manutentionnaires) qui perdent leur vie à la gagner, elle semble comprendre dans sa chair et verse même quelques larmes.
Dans Debout les femmes ! (2021), Ruffin faisait équipe avec le député En Marche Bruno Bonnell pour porter à l’assemblée un projet de loi sur les métiers du lien, et le duo antagoniste fonctionnait et fusionnait. Ici, il ne prend pas tout à fait. Sarah Saldmann reste Sarah Saldmann, persuadée qu’on n’a que ce qu’on mérite. La boutade réjouissante – « réinsérer les riches » -, lancée par Ruffin à son complice Gilles Perret, sonne amèrement. Il y a des gens et des choses qui ne changeront jamais. Qui auront toujours le front de faire aux petits, aux obscurs, aux sans-grade l’affront de leur supériorité. Mais, en bons petits soldats humanistes, comme ils le font ensemble depuis J’veux du soleil (2019), Ruffin et Perret nous entraînent au cœur du problème, auprès des travailleurs pauvres. Des gens qui peinent. La présence brute de ces femmes et de ces hommes, la force de leurs témoignages suffiraient à faire pleurer une pierre et donner envie de renverser l’ordre établi. Sauf dans le monde des croque-monsieur à la truffe et des vestes à 2 890 euros.