L’histoire des Maravillas, première merveille afro-cubaine
En 1999, à l’aube d’une nouvelle décennie, Richard Minier a 30 ans, un job passionnant de producteur de musique, et un billet pour Bamako en poche. Le 31 décembre, sa mini-DV toujours à portée de main, il bavarde avec Dramane, l’un des musiciens en concert ce soir-là. Au détour d’une question, il apprend qu’en 1964, sous Castro, dix jeunes Maliens sont partis à Cuba pour apprendre la musique et qu’ils ont été, sous le nom des Maravillas, l’origine-même du courant afro-cubain.
En juillet 2000, Richard Minier est invité à Abidjan par Boncana Maïga, l’ancien chef d’orchestre des Maravillas devenu star. De cette rencontre va naître une relation amicale et professionnelle folle et, avec elle, l’obsession du jeune producteur qui, à tâtons, ne néglige aucune piste, aucune source. Il veut comprendre. Les entretiens avec différents musiciens s’enchaînent. Chacun raconte et se raconte. Des images d’archives viennent nourrir le documentaire où politique, culture, humanité se croisent, construisant habilement le récit et dévoilant, de surprise en surprise, une histoire… maravillosa.
De leurs premiers cours suivis grâce à un certain Che Guevara – qui se propose spontanément de jouer les interprètes – jusqu’au premier album, les souvenirs glanés avec délicatesse retracent l’ascension fulgurante des Maravillas et leur fin abrupte. En pleine gloire, les Maravillas, premier groupe afro-cubain, est rapatrié de La Havane à Bamako. La politique malienne a changé. Chacun reprend le cours de sa vie. Ou presque.
Edouard Salier, journaliste à Libération, rejoint Minier en 2010 pour un article sur la réunion des survivants. Cinq ans plus tard, Boncana Maïga est le seul encore en vie. Minier l’approche avec le projet d’enregistrer un album en hommage aux Maravillas. Retour à la Havane, 45 ans plus tard, donc, pour des retrouvailles entre Boncana, qui réécrit toutes les partitions des morceaux d’origine, et les anciens membres de l’orchestre de Cuba.
Qu’importe la qualité inégale et la différence de formats des images quand on passe ainsi du sourire aux larmes, de la nostalgie à la joie, sans une seconde d’ennui. Africa Mia nous emporte notamment grâce à l’engagement personnel de Richard Minier, et à l’immense émotion portée par la musique, subtilement omniprésente. Le film, d’une authenticité et d’une simplicité rares, nous parle du temps qui passe, de l’émerveillement de l’âme, de la pugnacité récompensée.