Durant plus de vingt ans, les membres d’une même famille noire américaine se filment. Et c’est déchirant. Parce que le vrai est partout. Dans chaque image, chaque bonheur et chaque drame, chaque rire et chaque sanglot.
Ce film est né de la rencontre, sur un terrain de basket du sud-est de Washington, du journaliste et réalisateur Davy Rothbart avec Smurf, quinze ans, et Emmanuel, neuf ans. Le petit dernier, surtout, s’intéresse à la caméra que Rothbart trimballe régulièrement ; il se laisse filmer, et empoigne lui-même l’engin. L’emporte chez lui le soir.
Smurf et Emmanuel. Deux enfants vivants, joueurs, curieux, mais aussi noirs, sans le sou, à la merci de toutes les addictions. Ils vivent dans un quartier pauvre, avec leur mère Cheryl et leur sœur Denice. On les voit grandir, vieillir, s’aimer, s’invectiver. Smurf deale et fait des séjours en prison. Cheryl passe son temps à essayer d’arrêter la dope. Régulièrement, ils déménagent. Des enfants naissent… Et puis un jour, la mort frappe l’un d’entre eux. Une bataille de rue. Un coup de feu. L’horreur. Plus rien ne sera jamais comme avant.
Le jour du drame, le cinéaste, comme il l’explique dans l’interview du dossier de presse, est arrivé sans sa caméra, bien sûr, mais Cheryl, la mère, lui a dit qu’il fallait qu’il enregistre ce qui se passait, qu’il fallait que leur histoire soit vue et serve à quelque chose. Alors le film a repris, et la vie, petit à petit, aussi… Parmi les mille heures de rushes, pendant quatre ans, le réalisateur et la monteuse, Jennifer Tiexiera, ont travaillé à rendre fluide et compréhensible une histoire d’amour et de mort, banale et si forte. Ces deux décennies dans la vie d’une famille ordinaire impactent l’écran et la rétine. Longtemps. Entre home movie et reportage immersif, 17 Blocks est un témoignage unique, quotidien et intime. Puissant et universel.