Dans le noir des salles obscures d’aujourd’hui, voici les Lumière ! : Auguste et Louis, une anthologie de 108 courts-métrages, des cinéastes très modernes.
L’enfance revient toujours et ne s’oublie jamais. L’enfance du 7ème art a commencé avec des histoires d’enfants, des films muets peuplés de visages de mômes, traversés de leurs premiers pas incertains, des repas de bébé, des jeux, des goûters, des repas familiaux, des grandes vacances. L’enfance avec son insouciance était là, dès le début, dans cette enfance souriante du cinématographe inventé par les deux frères Lumière, à Lyon, en 1895. Auguste et Louis filmaient autour d’eux et la famille fut d’abord leur grand sujet : leur quotidien se mettait en scène, en noir et en blanc et en 50 secondes de pellicule.
Les premiers films du cinéma racontaient la vie, la famille, le travail, les métiers, la société, ils étaient la vie même, célébrée sans tragédie. Les Lumière filmaient leur usine à sa sortie, ils filmaient leur ville, Lyon, les gens, les enfants, les baignades des gones dans la Saône, les courses en sac des ouvriers, ils filmaient plus loin Paris inventant la Belle époque, des gamins aux Tuileries, la grande circulation déjà sur les Champs-Elysées. Le monde n’allait pas tarder à entrer dans leur cinéma, images d’Amérique, d’Afrique, d’Asie, New York, Alger, Tokyo, Moscou, ramenées par des opérateurs de génie ayant déjà tout compris, comme eux, de la mise en scène, du filmage et du cadrage, du langage très composé du cinéma.
Les frères Lumière étaient les premiers, ils étaient les pionniers, ils ont fait naître le cinéma. De leur incroyable collection de films des origines, de cette précieuse enfance du 7ème art, Thierry Frémaux, l’infatigable directeur de l’Institut Lumière à Lyon, délégué général du festival de Cannes, se fait le passeur et le conteur idéal. En voix off, posée à juste distance, tour à tour didactique, précis et drôle, il éclaire d’une intelligence accessible les images muettes, parlantes, au burlesque irrésistible, des premiers films, un assemblage de 108 courts-métrages des Lumière, avec Camille Saint-Saëns en BO. L’aventure commence comme une superbe déclaration d’amour au cinéma : Lumière !