L'Île de Giovanni
C’est une histoire vraie et sa fiction. Une histoire qui raconte celle du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les quatre îles, Etorofu, Kunashiri, Habomai et Shikotan, occupées par l’Union soviétique à partir de 1945, par une armée rouge souveraine d’un empire nippon défait. Mizuho Nishikubo ne reconstitue pas la réalité des faits, il entreprend d’en faire le récit subjectif, changé par les souvenirs relatés par un ancien témoin, dont le témoignage a inspiré le scénario. Une narration en dessin animé aux couleurs aquarellées, après que le scénariste eut renoncé aux prises de vue réelles, face à l’impossibilité de filmer sur place, sur l’île de Shikotan. La belle idée de ce film tragique et douloureux, est de se lier à la nouvelle de Kenji Miyazama, Train de nuit dans la voie lactée. Des trouées de pure fantasmagorie viennent donner une dimension rêvée à ce récit qui, pour être dramatique, ne s’en situe pas moins à hauteur d’enfance. L’île de Giovanni se met dans les pas de deux frères, Junpei et Kenta, à travers lesquels se joue la grande histoire : l’annexion de l’île par les soldats soviétiques, le désarroi des habitants, l’apprentissage de la vie avec l’occupant, le départ en camp d’internement, au cœur d’un hiver rude. La terreur quand elle se regarde avec la candeur, avec un regard d’innocence, joue avec l’insupportable monstruosité.