Libre et assoupi
Adapté du roman de Romain Monnery, Libre, seul et assoupi, le premier long-métrage de Benjamin Guedj fait l’éloge de la paresse à travers un portrait de groupe : jeunes gens d’aujourd’hui aux prises avec un monde du travail à l’horizon bouché et qui ne fait guère envie. L’air est connu, mais la chanson a bien du charme. Soit Sébastien, bac + 10, qui n’aime rien tant que buller (« Si tu mettais autant d’application à bosser qu’à éviter de le faire, tu serais le roi du monde ! »), et qui, aux complications de l’amour, préfère l’onanisme. Viré par ses parents, il prend une coloc’ avec Anna et Bruno. La première est pleine d’allant, d’élan, d’envies de faire. Le second est moins motivé, mais il enchaîne quand même les petits boulots (conducteur de corbillard, gardien de musée…). Joliment écrit, le film est habité par de jeunes comédiens enthousiastes : Félix Moati (Télé Gaucho), décidément épatant, et Charlotte Le Bon (Yves Saint Laurent), sage à l’extérieur, bouillante à l’intérieur, ainsi que l’humoriste Baptiste Lecaplain. Quelques baisses de rythme, deux ou trois facilités – les danses et autres glissades – n’empêchent pas l’ensemble de fonctionner, grâce à des dialogues vifs et drôles, et quelques moments agréablement saugrenus. Notamment, les scènes de Sébastien avec son « conseiller » de Pôle Emploi interprété par un Denis Podalydès lunaire et poétique à souhait en « fonctionnaire moyen », sont un régal.