Les Merveilles
Gelsomina aime la lumière. Elle l’aime tellement, qu’elle boit un rayon de lumière devant sa petite sœur ébahie. Cette scène est une des merveilles du deuxième film de la jeune réalisatrice Alice Rohrwacher, récompensée par le Grand Prix au dernier Festival de Cannes.
Soit l’histoire de Gelsomina, l’aînée de quatre sœurs, qui grandit au milieu des abeilles au nord de l’Italie, dans une campagne qui se meurt. Car c’est aussi de cela qu’il est ici question, de l’incapacité à faire vivre un paysage agricole sans en faire un musée. Les Merveilles est avant tout un conte sur les frontières de la société : géographiques, sociales et humaines.
Dans ce conte de fées et d’abeilles (car il y en a bien une, de fée, sous les traits de l’éblouissante Monica Bellucci), le rôle de reine tenu par Gelsomina n’existe que par et pour le roi, son père, personnage post-soixante-huitard assumant sa différence à grand bruit. Celui-ci est le maître des ruches plus que de la maison, dans laquelle aucune règle ne semble exister. Les enfants contribuent à la fabrication du miel au lieu d’aller à l’école, les lits sont partagés et la maison ouverte à des membres de famille adoptés – aussi bien à une ancienne maîtresse qu’à un … dromadaire.
Les séquences oniriques se suivent dans une mise en scène proche du documentaire, dans laquelle le côté symbolique du réel émerge naturellement. Comme cette maison de famille que la joyeuse petite tribu est contrainte de quitter et qui reste comme un lieu magique, malgré les aléas du temps.