Il dit : « Ce fut un beau voyage de mai à juillet ». Raymond Depardon est parti avec une vieille caravane, à l’été 2015, sillonner les routes de France à la rencontre de ses habitants. Il voulait revoir les âmes de ses images, quand il avait photographié la France, avec sa lourde chambre, la décennie d’avant. Il voulait les faire parler, les entendre, les écouter. Il a beaucoup roulé, du haut en bas du pays : à travers villes, à travers champs, l’itinéraire a fait halte en une quinzaine de stations. Pour studio de son cinéma vagabond et léger, l’intérieur de sa caravane avec vue sur la ville à l’arrière-plan. Au premier plan, des passants, allant par paires, dialoguant au fil du film, les uns après les autres. Jeunes et vieux couples, amis et amies, collègues et camarades, parents et enfants, assis face à face, ils ont mené leurs conversations éphémères attrapées en plans fixes par la caméra 35 mm du cinéaste. Sur la pellicule, avec ses images à grain, leurs mots durs, leurs mots doux, sur la vie qui va et ne va pas. Il était question de tout et de rien, du quotidien, des soucis, des espoirs, des consolations. Il était question de mariage, d’enfants, d’amours, de chagrins, de travail. Dans sa caravane, Raymond Depardon a fait entrer la vie des gens. Est-ce parce qu’ils nous ressemblent ? Dans leurs paroles familières, on a reconnu la vie de tous. Banale et extraordinaire. Nous sommes Les Habitants. Un beau voyage, simplement.