L'Enquête
Vincent Garencq aime les sujets de société et les combats individuels. Il en fait des films témoignages contre l’injustice. La quête de l’adoption par un homosexuel pour Comme les autres. La lutte d’un innocent condamné dans l’affaire d’Outreau pour Présumé coupable. Avec L’Enquête, il suit les pas du journaliste Denis Robert en quête de vérité dans l’affaire Clearstream. Une machine de corruption monumentale, qui fit scandale dès 2001. Ardu d’adapter une véritable affaire et de mettre en scène des figures réelles. Le réalisateur réussit à rendre ce gouffre financier accessible grâce à un scénario limpide dans sa densité. Ce n’est pas rien. Il livre un film d’enquête teinté de paranoïa, genre qui fit les beaux jours du cinéma des années 1970, d’Alan J. Pakula à Yves Boisset. Depuis, les tentacules de l’argent et de la technologie ont pris la main. Garencq ne renouvelle pas le genre, mais traite vaillamment de front l’histoire récente, comme de plus en plus de fictions françaises au résultat souvent vieillot (La Conquête de Xavier Durringer, L’Affaire SK1 de Frédéric Tellier). Il tient son sujet et son récit avec efficacité. En justicier éclaireur, Gilles Lellouche trouve son rôle le plus dense et réussit une composition habitée, face à des partenaires subtils, du personnage à mission (Charles Berling, Laurent Capelluto) au caractère à supplément d’âme (Florence Loiret-Caille). En pleine actu brûlante sur la mission de vérité de la presse, L’Enquête résonne fort.