Marie a caché à son fils Vincent l’existence de son père, mais l’adolescent découvre son géniteur inconnu : un éditeur parisien, immoral et insensible. Dans sa quête, Vincent tombe alors sur le frère de ce dernier, Joseph… Cinéaste rare et précieux, Eugène Green nous livre un film plus que jamais inspiré de culture chrétienne, divisé en chapitres explicites. Fidèle à son esthétique, il préconise l’atonalité du jeu des acteurs, néanmoins tous intenses, au bénéfice d’un amour sourcilleux de la langue française et de ses liaisons, de musique baroque, de plans frontaux, quasi pasoliniens dans leur sacralité. La symétrie est l’obsession de Green, qu’il s’agisse de filmer Paris ou bien les sentiments chaotiques des hommes. Avec une férocité drolatique qui rappelle Le Pont des arts, il croque la bêtise démoniaque de certains, illustrée notamment par les cancans d’une basse cour du monde de l’édition. Réciproquement, il capte avec douceur et humour, la simplicité « habitée » des autres, la pureté d’un l’amour filial imprévu, le ressenti face à la beauté d’une toile de Caravage ou la grâce furtive d’un Rothko dans l’éclat d’une plage de Normandie. Tout se décline ainsi dans des concordances subtiles et harmonieuses, troublantes et généreuses, dépeintes par un auteur éclairé, attaché à un cinéma irradiant et pur.