C’est ce qu’on appelle un personnage. Un être hors norme, aux pratiques peu orthodoxes. À commencer par celle d’accepter qu’une caméra se pose dans son cabinet de psychiatre, alors que des patients viennent épancher leur souffrance. Dans Le Divan du monde, le documentariste Swen de Pauw filme Georges Fedemann, personnalité connue des Strasbourgeois pour son engagement auprès des plus démunis. À son cabinet, on vient sans rendez-vous. Derrière son grand bureau jonché de papiers et de journaux, il écoute la parole de Karim, Diane, Abou, Marie-Thérèse et les autres qui, pour certains, viennent le voir depuis de nombreuses années. Chaleureux, taquin, décontracté (il faut prêter attention à sa collection de T-shirts fantaisie !), toujours un demi-sourire aux lèvres, il est ce médecin qui tente de soulager ses patients. Mais en permettant à la caméra de Swen de Pauw de capter ces échanges, n’enfreint-il pas la déontologie propre à son métier ? Que racontent ces images des troubles de l’âme humaine et du rôle du psychiatre ? Et pourquoi projeter ces images sur des écrans de cinéma ?
« Dès le début, quand Swen m’a montré ce qu’il avait tourné sans producteur, j’ai vu comme lui que la densité des histoires qui se racontaient dans le cabinet de Federmann ne pourraient être contenues dans un 52 minutes d’un format télé. Le désir de Swen était de faire un film en cinéma direct, sans commentaire, sans interview, de plonger le spectateur en prise directe avec le réel. Chacune des histoires de patients, avec ce parti pris de réalisation, avait besoin de temps pour être exposée avec justesse, dans sa durée. On ne savait pas non plus combien de temps le film durerait : une heure et demie, deux heures, trois heures ? En tout cas, dans le monde des documentaires télévisuels d’aujourd’hui, je savais qu’une proposition très formelle, assez radicale avec ce huis clos, aurait du mal à trouver une place dans les cases de télévision classique que je connais bien. Le cinéma nous semblait, en revanche, possible. Et puis, il nous semblait aussi que la position d’écoute dans laquelle le spectateur est au cinéma serait plus en phase avec la nature des histoires racontées et permettrait une rencontre plus intense avec les protagonistes du film. », explique Cédric Bonin, le producteur du film.
Le Divan du monde sort en salle mercredi 16 mars 2016. Il sera présenté, en présence du réalisateur Swen de Pauw et du docteur Georges Federmann, lundi 14 à 20 h au cinéma Star St-Exupéry de Strasbourg et mercredi soir à 20 h à l’Espace Saint-Michel à Paris.